Maladie virale peu préjudiciable avant l’invasion phylloxérique en Europe, le court-noué constitue aujourd’hui un fléau majeur dans la plupart des vignobles mondiaux. A ses dégâts directs sur les exploitations (perte de production, atteintes qualitatives, mortalité et arrachages anticipés) s’ajoute une panoplie d’implications indirectes, méconnues de la viticulture pour certaines, mais toujours extrêmement coûteuses : immobilisation de foncier viticole contaminé, mise en place d’un système de multiplication assorti de fortes contraintes et de contrôles sanitaires réguliers, préservation, test et nécessité d’assainissement de ressources génétiques, recherches spécifiques (porte-greffes retardant la contamination, essais avortés de variétés transgéniques….). On peut également inscrire à son passif des décennies d’emploi de spécialités nématicides extrêmement toxiques et polluantes (fumigants à base de métam-sodium ou de 1-3 dichloropropène, granulés à base d’aldicarbe), interdites aujourd’hui en Europe, dont l’effet "désinfectant" sur les sols ne permettait que de retarder une inéluctable recontamination.
A l’examen des nombreuses connaissances qui ont été acquises depuis le début du XXe siècle sur la maladie, il est possible aujourd’hui de comprendre comment cette virose, vraisemblablement anecdotique ou très circonscrite avant la crise phylloxérique, a pu se hisser peu à peu au premier rang des préoccupations sanitaires de la viticulture.
Les mentions anciennes
Comme le rappelle justement Pierre Galet dans ses ouvrages consacrés aux maladies et parasites de la vigne, les descriptions anciennes de dépérissements ou d’affections diverses des souches sont le plus souvent suffisamment imprécises pour laisser le champ libre à de multiples interprétations. L’absence de photographies ou même de planches dessinées rend généralement impossible toute certitude, certains symptômes communément évoqués (mortalité, rabougrissements, déformations, colorations des feuilles, coulure et millerandage,…) pouvant selon les cas se rapporter à diverses carences (bore, potassium, chlorose ferrique…), à des maladies fongiques (eutypiose, esca, pourridié, anthracnose…), à de l’acariose de printemps, à de la nécrose bactérienne ou à des accidents (asphyxie, folletage, gelée, toxicités…), tout autant qu’au court-noué proprement dit.