Cet article rétrospectif est une actualisation de "Champagne, Environnement et Développement Durable : 30 ans d’histoire" paru dans Le Vigneron Champenois de mai 2013.
Développement économique et écologie ont longtemps été présentés comme incompatibles. Ce n’est que dans les années 1970-1980 qu’apparait le concept d’écodéveloppement, rebaptisé par la suite développement durable. Comment ce modèle a-t-il évolué dans la pratique aux niveaux national et international ? Et comment la Champagne a-t-elle réagi ?
C’est ce que nous vous proposons d’aborder maintenant, en examinant pour chaque décennie les modalités de gouvernance et de prise en compte des principaux enjeux environnementaux identifiés pour notre filière.
Les années 1980 : prise de conscience généralisée et amorce du changement
Gouvernance et systèmes de production
La fin des années 1970 et le début des années 1980 marquent le terme des "30 glorieuses", période au cours de laquelle la France connait une prospérité économique exceptionnelle. L’intensification des méthodes de production touche également le monde agricole. Elle permet de réduire la pénibilité des travaux, de régulariser les rendements et de proposer aux consommateurs des denrées abondantes, variées et bon marché. Mais si elle apporte une réponse à la fois sociale et économique au problème posé par la population au sortir de la seconde guerre mondiale, cette mutation s’accompagne dans le même temps de multiples effets collatéraux sur l’environnement. Dès les années 1970, cette absence de prise en compte des équilibres naturels couplée à la première crise pétrolière déclenche l’émergence de nouveaux courants de pensée (résistance à la société de consommation, prise de conscience des limites de la planète).
En 1972, le fameux rapport Meadows commandé par le Club de Rome, "Les limites de la croissance", marque les esprits en prévoyant un effondrement brutal des économies au cours du 21ème siècle suite aux effets conjugués de l’évolution démographique, de la destruction de notre environnement et de l’épuisement des ressources.