Dans le passé, arbres, bosquets, vergers et haies ponctuaient le vignoble champenois. Ils ont peu à peu été arrachés, et le vignoble est bien souvent devenu une monoculture de vigne. Actuellement, la tendance tend à s’inverser. En effet, les motivations des exploitants pour planter des haies sont nombreuses, que ce soit pour des aspects techniques, réglementaires, ou tout simplement pour apporter un atout paysager dans notre vignoble. Tour d’horizon de l’état des lieux en Champagne, des multiples atouts des haies, des recommandations techniques et des aides financières disponibles.
Etat des lieux dans le vignoble champenois
Comme le montrent ces vues aériennes du vignoble prises à plusieurs décennies d’intervalle, la présence d’arbres et arbustes au sein de l’AOC s’est nettement raréfiée dans certains secteurs.
Plusieurs raisons peuvent expliquer cette évolution : agrandissement des parcelles, ou encore élimination des obstacles que constituaient les arbres et arbustes pour les traitements aériens.
Ces disparitions de haies sont problématiques à de nombreux points de vue, que ce soit au niveau paysager, au niveau de la biodiversité, ou encore de la régulation des flux d’eau et de la stabilité des talus.
Face à ce constat, au milieu des années 2000, le Comité Champagne mettait en place le programme Biodiv. Dans ce cadre, un inventaire exhaustif de la flore du vignoble champenois et de ses abords immédiats a été réalisé en 2005 et 2006 avec l’aide d’un botaniste et a permis d’identifier plus de 350 espèces végétales herbacées et arbustives (voir Le Vigneron Champenois mai 2007, p. 28-64). Un entomologiste nous a ensuite aidés à classifier ces espèces en fonction de leur potentiel à héberger des ravageurs ou, au contraire, des auxiliaires de la vigne, et donc à classifier ces espèces selon leur intérêt fonctionnel. Dans un second temps, en 2008 et 2009, des vérifications ont été faites sur le terrain en réalisant des piégeages d’arthropodes au sein de haies et de parcelles de vigne avoisinantes, afin de vérifier la présence effective d’auxiliaires (voir Le Vigneron Champenois mars 2009, p. 70-81). Ces suivis ont abouti à la rédaction d’une fiche technique sur la plantation de haies au vignoble (disponible sur l’extranet du Comité Champagne), et également, dès l’automne 2007, à la plantation de haies sur les domaines expérimentaux de Plumecoq (600 mètres linéaires) et d’Essoyes (200 mètres linéaires) ainsi que chez quelques vignerons volontaires (1 200 mètres linéaires au total). Dans les années qui ont suivi, le conseil technique concernant la plantation de haies s’est progressivement développé auprès des exploitants, et actuellement les sollicitations sont nombreuses tout au long de l’année.