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La Vigne

Cuivre et phosphonates : quelle efficacité ?

Activité fongicide comparée de produits à base de cuivre et de phosphonates

Dans le cadre d’une protection assurée par des produits d’origine biologique ou de biocontrôle, les spécialités à base de cuivre et de phosphonates restent à ce jour les fongicides anti-mildiou les plus efficaces. Toutefois, en situation de forte pression parasitaire comme en 2021 dans notre région, ils sont susceptibles d’engendrer d’importants dégâts malgré un nombre conséquent d’applications. Ces produits n’ont pas la même efficacité intrinsèque que les produits dits "conventionnels" et leur conditions optimales d’applications sont plus difficiles à appréhender.
Aussi, des études approfondies sont nécessaires plus particulièrement au vignoble, pour mieux comprendre les caractéristiques de leur activité fongicide afin de dégager le meilleur parti de ces produits.

Objectif des essais

L’objectif des essais présentés ci-après, conduits avec une méthode originale, consistait à déterminer comment renouveler les traitements  d’un mélange cuivre + phosphonate au printemps, c’est-à-dire en période de croissance de la vigne. En effet, les épidémies de mildiou pendant cette période sont, à l’usage, les plus dangereuses. Dans le même temps, il était important d’évaluer l’intérêt de l’association entre le cuivre et un phosphonate comparé au cuivre appliqué seul.

Boîtes avec disques préparées avant inoculation.

 

Pendant trois campagnes d’essais, deux mêmes produits ont été employés : Cuproxat SC et LBG 01F34/ETONAN/PERTINAN. Face à une même dose de Cuproxat (2,1 L/ha, soit 400 g/ha de cuivre métal), deux doses du phosphonate ont été étudiées : 4 L/ha (dose homologuée) et une dose d’usage (3 L/ha), dictée par les nécessités de limiter les apports en acide phosphonique, produit de dégradation.

Le produit Cuproxat SC a été choisi pour son faible délai de réentrée  (6 h), ce qui peut faciliter le retour au champ pour des prélèvements, selon les conditions météorologiques. La dose de 400 g/ha de cuivre est la dose d’usage au gabarit végétatif en viticulture biologique en Champagne.

Le produit LBG 01F34/ETONAN/PERTINAN a été choisi car très régulièrement travaillé par nos services, dans des essais classiques au champ, et par ailleurs fortement dosé en principe actif.

Une nouvelle méthode d’expérimentation méthode d’expérimentation

Confronté à des difficultés pour sanctionner des essais sur le mildiou au printemps, nous avons décidé de mettre en œuvre une méthode d’évaluation biologique originale : les traitements sont appliqués normalement au vignoble sur ceps fructifères et la contamination se déroule au laboratoire après prélèvements de feuilles. Le principe de la méthode est détaillé ci-dessous.

Les produits ont été appliqués au vignoble, avec notre matériel d’expérimentation, à savoir une rampe Precijet de Tecnoma montée sur un chenillard Niko.

Matériel d’expérimentation, à savoir une rampe Precijet de Tecnoma montée sur un chenillard Niko, avec 9 postes de pulvérisation.

 

Des prélèvements de feuilles ont été ensuite réalisés à différentes dates par rapport à l’application des produits, pour être préparés et inoculés au laboratoire. Les différents délais ont été déterminés dans le but de comprendre finement la redistribution dans la plante, l’évolution de l’activité fongicide après une ou plusieurs applications, ou après des précipitations, comparé à un point zéro. Celui-ci est réalisé 6 h à 24 h après le traitement.

Les feuilles ont été prélevées sur 25 rameaux, à raison d’une feuille par rameau et d’un rameau par cep, à différents étages foliaires. Dans chaque feuille, nous avons découpé 5 disques foliaires, répartis dans des boîtes représentant chacune une répétition d’une modalité. 4 boîtes par modalité ont été inoculées au laboratoire. Des conditions de forte attaque parasitaire sont donc reproduites. Les boîtes non inoculées, pour chaque modalité y compris le témoin non traité au vignoble, permettent de vérifier l’existence d’éventuelles contaminations naturelles.

Boîtes avec disques préparées avant inoculation.

 

Des disques témoins prélevés dans des feuilles de plants élevés sous serre permettent de vérifier l’agressivité de l’inoculum lors de chaque essai.

Disques contrôle, prélevés dans des feuilles de plants élevés sous serre.

 

Les disques ont été maintenus en survie sur papier filtre, après apport d’eau déminéralisée.

Une solution d’inoculum calibrée a été pulvérisée face inférieure des disques.

Le pourcentage de surface foliaire présentant des sporulations, après un délai d’incubation de 8 à 10 jours à 20-23 °C, a été noté collégialement.

L’efficacité, c’est-à-dire la réduction de dégâts par rapport au témoin, a été calculée grâce à la formule d’Abbott.

Le choix des étages foliaires prélevés a été déterminé préalablement par la sensibilité différentielle constatée le long du rameau : une baisse de la réceptivité des feuilles se produit au fur et à mesure de leur développement. Aussi, les prélèvements ont été effectués sur la quatrième feuille sous apex, qui fait partie des étages foliaires les plus sensibles, quel que soit le stade de développement du rameau. Cette feuille est par ailleurs suffisamment développée pour nous permettre de découper le nombre de disques nécessaire (à savoir 5 disques de 22 mm de diamètre). Ainsi le tout premier prélèvement sur les essais ne peut pas être réalisé avant le stade 5-6 feuilles étalées acquis sur la parcelle. 

Inoculation des disques foliaires, face inférieure.


La 4e feuille sous apex permet d’évaluer l’efficacité sur les parties en croissance. Elle permet de mesurer l’efficacité après une seule application, suite au tout premier traitement bien sûr, mais aussi après 2,5 à 3 feuilles néoformées suivant le traitement précédent : elle n’était alors que peu développée et n’avait donc intercepté que peu de produit.  

Boîte avec disques inoculés et sporulés.

 

Le fait de prélever plusieurs fois sur un étage foliaire déjà prélevé permet d’évaluer l’activité résiduelle du fongicide, pour établir une cinétique. Après plusieurs applications, nous pouvons juger de l’effet d’un cumul d’applications, comparé à un témoin non traité sur le même étage foliaire.

Schéma illustrant le principe du positionnement du traitement, des prélèvements et les étages foliaires prélevés.

 

Enfin, la souche inoculée doit être suffisamment agressive pour pouvoir permettre une notation sur les feuilles de la base jusqu’à l’écimage de l’essai : cet étage "basal" va en effet devenir progressivement moins sensible, tout en recevant un cumul d’applications fongicides.

Modalités des essais

Chaque modalité comporte systématiquement l’apport d’un ou deux mêmes produits, dans chaque essai.

Tableau 1. Caractéristiques des sites d’essai en 2021, 2022, 2023.

 

En 2021, le produit Cuproxat SC a été comparé à dose fixe (400 g de cuivre métal/ha, soit 2,1 L/ha de produit formulé) et à dose adaptée à la hauteur traitée, au produit LBG 01F34 à sa dose homologuée (4 L/ha). 

En 2022, nous avons comparé Cuproxat SC seul (400 g de cuivre métal/ha), à LBG 01F34 3L/ha et l’association des deux produits aux mêmes doses.

En 2023, nous avons comparé Cuproxat SC seul (400 g de cuivre métal/ha) et associé à LBG 01F34 aux doses de 3 L/ha et 4 L/ha.

Tableau 2. Modalités des essais en 2021, 2022, 2023.

Positionnement des traitements, des prélèvements et conditions climatiques

En 2021, les spécialités ont été appliquées avec un délai de renouvellement fixe de 7/8 jours. Les prélèvements étaient prévus tous les 2 traitements. Le tout dernier prélèvement a été anticipé du fait de la forte dynamique de pousse et des risques de contaminations naturelles, à l’approche de la floraison. Au total, 4 applications fongicides ont été réalisées. Chaque prélèvement a été effectué 24 h après traitement. 

En 2022 et 2023, 3 applications ont été réalisées. Le positionnement du traitement T2 dépendait du dernier prélèvement suite au T1. Les prélèvements étaient déterminés selon un nombre de jours en 2022 (par ex T1+7 jours et T1+10 jours) et selon un nombre de feuilles néoformées en 2023 (T1+1 nouvelle feuille et T1+2 à 3 nouvelles feuilles). Le principe des prélèvements suite au T3 est identique. Sachant que l’expérimentation doit être terminée à l’écimage de l’essai pour pouvoir repérer la quatrième feuille sous l’apex des rameaux principaux.

Le délai entre T2 et T3 importait peu, puisque les prélèvements étaient ciblés sur le T1 (effet d’une seule application) et le T3 (effet d’applications cumulées).

En 2022, nous avons renoncé à travailler les feuilles de la base, pour cause de faible réceptivité de cet étage foliaire, avec l’inoculum disponible.

Figure 1. Conditions climatiques et positionnement des traitements (T) et des prélèvements (P) sur l’essai 2021 à Mareuil-sur-Aÿ.

 

Figure 2. Conditions climatiques et positionnement des traitements (T) et des prélèvements (P) sur l’essai 2022 à Dizy.
Figure 3. Conditions climatiques et positionnement des traitements (T) et des prélèvements (P) sur l’essai 2023 à Hautvillers.

Considérations générales sur la dynamique de pousse et les conditions climatiques durant les trois années

La dynamique de pousse a été caractérisée en mesurant la longueur de rameaux et le nombre de feuilles sur 12 ceps répartis régulièrement sur chaque parcelle d’essai. 

Les données climatiques ont été récupérées sur le portail météo du Comité Champagne, à l’aplomb d’une station virtuelle. Les précipitations ont été calculées grâce à une lame d’eau radar, calibrée avec les stations du Comité Champagne au sol. Les données de température sont issues d’une analyse de prévisions météorologiques corrigées avec le réseau de stations au sol.

Caractéristiques des trois années d’essai 

2021 : la pousse est normale (1,7 nouvelle feuille en moyenne en 7 jours) entre le traitement T1 et le traitement T2 avec un cumul de 9,5 mm de pluie, puis la pousse est active (2,5 feuilles en 7 jours) jusqu’au T4, avec 30 mm de pluie enregistrés entre le T2 et le T3.

2022 : la pousse est rapide après le traitement T1 et T2, avec quelques précipitations (2 mm de pluie entre T1 et T2, un peu plus de 8 mm entre T2 et T3). La dynamique de pousse est encore soutenue après le traitement T3, avec un peu plus de 50 mm en cumul, dont une pluie orageuse de 15 mm.

2023 : la dynamique de pousse est normale après le traitement T1 avec peu de précipitations (14 mm). Puis la pousse est rapide après le traitement T3, avec une absence de précipitations.

Préparation des produits et applications

La qualité de préparation et d’application des produits est conforme à nos procédures internes, à savoir : 
- pesée des produits sur une balance de portée 1 à 220 g, tolérance ± 0,005 g,
- application avec 2 rampes Précijet (1 rang traité) équipée de buses TXA 80 05, 4 bars de pression en sortie de buses ; montage sur chenillard Niko,
- réglages : valeurs cibles = vitesse d’avancement sur 20 et 50 m ± 0,1 km/h, débit rampe ± 5 %, vitesse d’air 200 km/h ± 10 km/h, écartement des buses < 37,5 cm, écartement des rampes = écartement rangs,
- mesures des conditions climatiques début et fin de l’application (valeurs cibles 5-25 °C, > 40 % d'hygrométrie, vitesse vent < 4m/s),
- mesure des reliquats de bouillie, tolérance écart volume réellement appliqué par rapport à valeur attendue (évaluée avec test à l’eau préalable) ± 10 %.

Aucune contamination naturelle n’a été observée pendant la durée des 3 essais.

Les résultats de l’inoculation des boîtes de disques de feuilles "contrôle" élevées sous serre révèlent un taux d’attaque plutôt moyen en 2023 (majorité de "contrôles" à 50 %, jusque 70 % ; 35 % pour le prélèvement T1P1, c’est-à-dire le premier prélèvement consécutif au premier traitement). Le taux de sporulation est par contre élevé en 2021 et 2022 (majorité de "contrôles" à 70 %, jusque 85 % ; une inoculation à 60 %). 

Les efficacités, c’est-à-dire la réduction de dégâts comparée au témoin non traité au vignoble, communiquées ci-après sont toujours calculées sur l’intensité d’attaque, moyennée sur l’ensemble des disques foliaires notés.

Disques contrôles inoculés et sporulés.

 

Une analyse de variance a été réalisée, après transformation angulaire de Bliss, suivie par un test de comparaison de moyenne (test de Newman & Keuls, au seuil de significativité de 5 %).

Résultats

Bonne efficacité du phosphonate 24 h après le traitement

Sur l’essai 2021, les prélèvements ont été réalisés systématiquement 24 h après les traitements T1, T3 et T4 (cf. figure 1) avec LBG 01F34 à dose de 4 L/ha.

Sur un même étage foliaire, à la base des rameaux, l’efficacité est de 70 % après un traitement, 83 % après 3 traitements et  92 % après 4 traitements effectués tous les 7 jours. Les efficacités sont du même ordre sur les étages apicaux, et sur les rameaux en croissance.

Nous n’observons pas ou peu d’effet cumulatif des traitements à base de phosphonate sur les étages traités.

Enfin, 24 h après l’application, les résultats d’efficacité procurés par LBG 01F34 dans le cadre de cet essai sont comparables aux références du vignoble sur feuilles (figures 4 et 5).

Figures 4 (en haut) et 5 (en bas). Evolution de l’efficacité sur les feuilles de la base et les feuilles apicales du produit cuprique et du phosphonate, dans les conditions de l’essai 2021.

Le traitement statistique a été réalisé à partir des notations de dégâts dans les 4 modalités, témoin inclus. Les astérisques figurent les résultats significativement différents du témoin, par ordre croissant des différences.


Baisse d’activité du phosphonate dans le temps sur les feuilles traitées, et efficacité sur les parties en croissance limitée en cas de forte pousse et de forte pression

Sur l’essai 2022, les prélèvements ont été réalisés avec différents délais (1, 7 et 9 ou 10 jours) suite au premier puis au 3e traitement avec LBG 01F34 à la dose de 3 L/ha (figure 2).

Concernant la modalité comportant le phosphonate seul, sur un même étage foliaire traité, à chaque prélèvement, nous constatons une efficacité qui baisse au cours du temps (figures 7 et 9).

Sur les feuilles apicales (4e feuille sous apex) susceptibles de bénéficier d’une redistribution du phosphonate, trois prélèvements ont été effectués : 7 jours après le premier traitement et 2 feuilles néoformées, puis 9 jours après et 3 feuilles néoformées (figure 8) ; enfin 9 jours après le troisième traitement et 2,5 feuilles néoformées (figure 10).
Dans le premier cas, aucune efficacité n’est enregistrée. Dans les derniers cas, l’efficacité s’élève à 15 et 20  %. Les modalités sont bien différentes du témoin statistiquement, mais l’efficacité est nettement insuffisante en pratique.

La figure 6 permet de visualiser la pousse, les traitements et les prélèvements.

Figure 6. Positionnement des traitements et des prélèvements par rapport à la pousse sur l’essai 2022 à Dizy.

 

Intérêt de l’association cuivre + phosphonate

Dans les conditions de l’essai 2022, sur les feuilles traitées directement, l’association CUPROXAT SC + LBG 01F34 à la dose de 3 L/ha procure une efficacité significativement supérieure à celle du CUPROXAT SC d’une part ou de LBG 01F34 d’autre part utilisés seuls, et ceci à chaque prélèvement. L’efficacité varie entre 80 % et 90 % selon les prélèvements (figures 7 et 9).

Figures 7 et 8.  Essai 2022. Cinétique efficacité sur les feuilles traitées directement et les feuilles apicales en croissance, après la première application des produits. Le traitement statistique a été réalisé à partir des notations de dégâts dans les 4 modalités. Les astérisques figurent les résultats significativement différents du témoin, par ordre croissant des différences.

Sur les feuilles apicales en croissance (4e feuille sous apex), deux prélèvements ont été effectués, 7 jours après le premier traitement et 2 feuilles néoformées, puis 9 jours après le troisième traitement et 2,5 feuilles néoformées. Dans le premier cas, aucune efficacité n’est enregistrée, quelles que soient les modalités (figure 8). Dans le second cas, l’efficacité de l’association atteint 40 % (figure 10) mais reste insuffisante en pratique.

Figures 9 et 10. Essai 2022. Cinétique efficacité sur les feuilles traitées directement et les feuilles apicales en croissance, après la troisième application des produits. Le traitement statistique a été réalisé à partir des notations de dégâts dans les 4 modalités. Les astérisques figurent les résultats significativement différents du témoin, par ordre croissant des différences.

 

Figure 11. Positionnement des traitements et des prélèvements par rapport à la pousse sur l’essai 2023 à Hautvillers.

 

Dans les conditions de l’essai 2023, les résultats sont plus nuancés. Deux doses de LBG 01F34 (3 et 4 L/ha) ont été comparées en association avec le cuivre. 

 

Nous constatons d’abord une bien meilleure efficacité du CUPROXAT SC à 400 g/ha, dès le premier prélèvement sur la quatrième feuille sous apex, comparé aux années précédentes (figure 12).

Contrairement aux essais 2021 et 2022, l’intensité d’attaque sur les disques de feuilles provenant de plants cultivés sous serre est faible pour le premier prélèvement (30 % d’intensité d’attaque), et moyenne par la suite (la plupart des résultats avec une intensité d’attaque de 50 %). Il est possible qu’une agressivité limitée de l’inoculum ait interféré avec les résultats du produit cuprique. Ces résultats traduisent néanmoins les conditions d’une pression parasitaire "moyenne".

Sur l'essai 2023, 6 h après la première application, au stade 5 feuilles étalées, même si l’efficacité du produit cuprique est forte, la contribution de LBG 01F34 est significative (3 ou 4 L) sur la 4e feuille sous apex, soit l’étage 2 en partant de la base (figure 12).  

6 jours après le premier traitement, après 1 feuille néoformée et 14 mm (pousse "normale"), l’efficacité du produit cuprique sur l’étage basal traité est forte (90 %, figure 12). L'efficacité est encore importante (83   %) sur la feuille immédiatement supérieure, à l’étage 3 (étage vraisemblablement en bonne partie imprégné de produit ; figure 13). Les associations procurent la même efficacité que le cuivre seul sur les feuilles de la base, par contre sont bien supérieures sur la feuille à l’étage 3 : tout se passe comme si le phosphonate s’accumulait dans les parties apicales, et voyait sa concentration dans les feuilles traitées diminuer (les résultats 2022 sont cohérents avec cette observation). 

Figures 12 et 13. Essai 2023. Cinétique efficacité sur les feuilles traitées directement (étage 2 en partant de la base) et les feuilles apicales en croissance (4e feuille sous apex, étage 3 ou 5), après la première application des produits. Le traitement statistique a été réalisé à partir des notations de dégâts dans les 4 modalités. Les astérisques figurent les résultats significativement différents du témoin, par ordre croissant des différences.

 

12 jours après le 1er traitement et 3 feuilles supplémentaires sur le végétal (forte croissance, y compris des feuilles déjà formées), l’efficacité du cuivre est de 86 % sur l’étage 2 (figure 12), avec une efficacité équivalente des associations ; par contre l’efficacité du cuivre est nulle sur l’étage 5 (figure 13), idem pour l’association avec 3 L de LBG. Seule l’association avec LBG 4 L/ha émarge avec une efficacité très moyenne. 

Avec une agressivité de l’inoculum modérée, nous constatons un intérêt limité de l’association CUPROXAT SC 2,1 L/ha + LBG 01F34, qui se manifeste seulement sur les parties en croissance. 

Le produit cuprique à 400 g/ha de cuivre métal procure en effet déjà une très bonne efficacité sur les parties traitées directement.

L'association apporte 10 points d'efficacité supplémentaire comparé au cuivre seul, dans un contexte de pousse modérée en T1P2. 

Dans le cas d’une pousse active, seule l'association à 4 L de LBG 01F34 confère une efficacité qui reste très partielle (40 % d'efficacité en T1P3 sur la 4e feuille sous apex). 

24 h après le troisième traitement, aucune contribution du phosphonate par rapport au cuivre n'est constatée sur les feuilles de la base (étage 2, figure 14), par contre contribution significative sur les 4e feuilles sous apex (étage 7/8, voir graphique 15), avec un effet dose. Les intensités d’attaque sur les feuilles de la base (étage 2), dans le témoin, sont très faibles : 2,5 à 11,5 % en moyenne pour les 3 prélèvements. 

3 jours après T3, en forte dynamique de pousse avec 1,5 nouvelle feuille, contribution significative de l’association avec phosphonate par rapport au cuivre seul, sur les feuilles de la base (sans effet dose) et sur les 4e feuilles sous apex, à plus forte dose seulement, avec près de 75 % d’efficacité de la modalité CUPROXAT SC + LBG 4 L/ha, contre 35 à 40 % d’efficacité pour les modalités CUPROXAT et CUPROXAT + LBG 3 L/ha.

7 jours après le troisième traitement, toujours en forte pousse (+3,5 nouvelles feuilles en moyenne), sur les feuilles de la base, forte efficacité de la modalité traitée uniquement au cuivre (98 %), pas d’efficacité supérieure de l’association cuivre + phosphonate ; contribution significative du phosphonate en association sur les 4e feuilles sous apex, avec un effet dose, mais efficacité très limitée : efficacité de 15 à 20 % du mélange CUPROXAT + LBG (3 à 4 L/ha).

Figures 14 et 15. Essai 2023. Cinétique efficacité sur les feuilles traitées directement (étage 2 en partant de la base des rameaux) et les 4e feuilles sous apex, après la troisième application des produits. Le traitement statistique a été réalisé à partir des notations de dégâts dans les 4 modalités. Les astérisques figurent les résultats significativement différents du témoin, par ordre croissant des différences.

Discussion

Les résultats de l’étude du phosphonate seul telle que réalisé en 2022, suggèrent que le produit migre vers les parties apicales du feuillage, tandis que sa concentration diminue au cours du temps dans les parties plus basses, qui ont reçu directement la pulvérisation du produit. Nous ne constatons pas vraiment d’effet cumulatif, sur un même étage foliaire, en renouvelant les applications (cf. essai 2021).

Concernant l’association du phosphonate et du produit cuprique, en condition de forte pression (essai 2022), le phosphonate renforce l’efficacité du cuivre sur les parties traitées directement, mais procure une efficacité insuffisante sur les feuilles apicales en croissance.

Avec une agressivité de l’inoculum plutôt moyenne, telle que dans les conditions expérimentales de 2023, avec peu ou pas de pluies, l’efficacité de CUPROXAT SC à 400  g de cuivre métal/ha, sur les feuilles traitées directement, est très bonne. Dès lors, la contribution de LBG 01F34 en association est perceptible plutôt sur les feuilles apicales, en particulier si la pousse est normale, mais insuffisante en condition de forte pousse (elle est déjà insuffisante après 1,5 feuilles néoformées, 3 jours après l’application). Nous avons constaté par ailleurs un effet dose (4 L/ha > 3 L/ha).

Conclusion des essais réalisés avec une formulation cuprique et un phosphonate

Le délai de renouvellement au printemps des phosphonates, et du LBG 01F34 en particulier, nécessite une grande vigilance. Le produit est bien redistribué dans les feuilles en croissance, puisqu’il revendique une activité systémique, mais la protection des nouvelles feuilles est insuffisante en cas de forte pousse et, bien sûr, en cas de forte pression. Dans ce cas, l’association cuivre+ phosphonate est à renouveler comme un produit de contact.

Suite à des premiers apports de cuivre, en cas de forte pression, aux doses d’usage, l’efficacité de ce produit seul risque d’être insuffisante. Dès lors, le phosphonate va renforcer l’activité du cuivre sur les parties traitées. Nous renvoyons à l'effet cumulatif du cuivre évoqué dans l'article suivant.

Concernant le délai de renouvellement avec un produit systémique tel qu'un phosphonate, raisonner selon la croissance de la vigne est plus judicieux que raisonner en nombre de jours après l’application, si la dynamique de pousse est active. Pour ce faire, consulter l’OAD pousse sur le portail météo du Comité Champagne.

Si la pousse est normale, raisonner en nombre de jour, du fait de la baisse de concentration, sur les parties traitées. Anticiper le renouvellement en cas de forte pression.

Baisser la dose du phosphonate diminue son efficacité. La dose de 4 L/ha de LBG 01F34 (dose homologuée) est meilleure qu’une dose d’usage à 3 L/ha. Nous n’avons jamais testé une autre dose d’usage, à 2 L/ha. Mais il est très probable que cette dose verrait encore son efficacité diminuée !

Connaissant les différences d’activités entre phosphonates, il est utile de consulter les rendements en acides phosphoreux (principe actif) pour juger de l’activité potentielle des produits de cette "famille" et choisir les doses d’emploi.

Éditions abonnés

Le contenu de cet article est réservé aux Vignerons et Maisons ressortissants du Comité Champagne et aux abonnés à la version papier.

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