Suite à des retraits du marché de plusieurs herbicides, le besoin se fait sentir d’anticiper de probables futures impasses techniques et de se faire la main sur les pratiques limitant sensiblement le recours aux herbicides. Un apprentissage est nécessaire, avec des conditions climatiques, tantôt sèches, tantôt trop humides qui compliquent souvent l’affaire ! Dans le cadre du Groupe Machinisme Champenois, une réflexion a été conduite au printemps dernier, et s’est appuyée sur les témoignages d’une dizaine de professionnels, essentiellement des viticulteurs mais aussi des Maisons, dans différentes régions et en particulier dans des secteurs comme la Vallée de Marne jusque l’Aisne, ainsi que le Barrois, pour communiquer sur quelques grands principes, à l’usage de ceux qui souhaitent (re)mettre en oeuvre des façons aratoires. Les témoignages se sont en effet concentrés autour du "travail" du sol, pratique plutôt en développement dans notre vignoble. Nous en profitons pour adresser nos plus vifs remerciements à tous les exploitants qui nous ont accueillis sur leur exploitation.
Itinéraire cultural
Attention, le "travail" du sol n’est plus un labour !
D’abord un peu de sémantique : dans un objectif de remplacer les passages d’herbicides, les façons mécaniques mises en oeuvre sont systématiquement superficielles. Elles concernent généralement les 5 premiers centimètres, jusque 10 cm de profondeur. Techniquement, il ne s’agit pas de "travail" du sol, mais c’est pourtant comme cela que la pratique est qualifiée par les professionnels. Nous prenons le parti de reprendre leurs éléments de langage.
Aucun professionnel rencontré ne pratique les méthodes de buttage et de débuttage traditionnelles associées à des travaux en profondeur.
Un changement récent : des enherbements temporaires
En matière de gestion des sols, pour une majorité de praticiens visités, l’enherbement permanent semé tous les rangs a, en partie, disparu. La raison est double : la concurrence de l’enherbement engendre des baisses de vigueur et de rendement, particulièrement les printemps secs (année 2011 et 2015), ensuite la gestion des déplacements de terre sur des largeurs limitées est délicate. Le cas est rencontré lorsqu’une bande enherbée cohabite avec du travail mécanique réalisé sur la ligne de plantation. Mais l’enherbement perdure, sous la forme d’enherbement temporaire, pour améliorer la portance des sols pour les tracteurs et pour les travaux des opérateurs au sol. Sont fréquemment cités, des enherbements un rang sur deux, conduits avec la flore spontanée, la bande enherbée étant retournée un an sur deux ou un an sur trois, ce qui permet d’endiguer la colonisation par le ray-grass depuis les fourrières.