Le poudrage de la vigne connaît un regain d’intérêt après plusieurs années de forte pression oïdium. Or, force est de constater que ces pratiques sont en général plutôt… empiriques. A l’initiative du CIVC et du Groupe Machinisme Champenois1, une enquête en ligne a été réalisée au mois de juin 2014. Son objectif ? Connaître plus précisément le parc de poudreuses et la pratique du poudrage. Cette enquête la rencontré un franc succès grâce à sa large diffusion par les membres et partenaires du groupe. Plus de 300 questionnaires validés ont été enregistrés ce qui représente environ 2 600 hectares. 143 propriétaires de poudreuses ont répondu ce qui permet de dresser un portrait-robot assez fidèle du parc champenois et des pratiques de poudrage du soufre. Nous tenons à remercier tous les participants.
Que savons-nous sur le soufre ?
En Europe, le soufre est utilisé contre l’oïdium en viticulture depuis le XIXe siècle. Il est formulé pour être utilisé sous deux formes : liquide à pulvériser et solide à poudrer. Dans les deux cas, le soufre agit principalement sous forme gazeuse mais aussi par contact. Nous ne nous intéresserons ici uniquement à la forme poudre. Pour obtenir cette poudre, le soufre brut est soit broyé soit distillé. Le soufre "trituré" est obtenu par broyage, le "trituré ventilé" est broyé puis les plus petites particules sont triées par ventilation. Elles ont une taille de 15 à 100 μm. Le soufre obtenu par distillation est dit "sublimé" appelé aussi "soufre fleur". Les particules sont plus fines (5 à 15 μm) et plus homogènes. Elles sont regroupées en utricules (regroupement de sphères poreuses). Il faut savoir que plus la surface de contact avec l’air est importante : plus la sublimation du soufre va être rapide, plus il y aura un "effet choc", moins le produit sera rémanent.
Le soufre a un mode d'action "multi-sites", il n’y a pas de cas de résistance de l’oïdium. Le Fluidosoufre, soufre sublimé et produit le plus largement distribué, est classé irritant (Xi), irritant pour les yeux (R36) et peut entraîner une sensibilisation par contact avec la peau (R 43). Selon la fiche de sécurité de ce produit, le soufre est inflammable car c’est un danger lié à la brusque inflammation d’un nuage de poussière au contact d’une flamme ou d’électricité statique. Les victimes d’incendie de tracteur ne le contrediront pas. Pour l’instant, il n’y a pas de dose homologuée pour le Fluidosoufre. Pour information, une dose de 25 kg/ha est demandée par la firme qui le met en marché (United Phosphorus Limited). Les facteurs favorables à son efficacité sont la température et la luminosité (voir encart sur la sublimation), l’absence de vent (dispersion), l’absence de pluie dans les 48 heures (lessivage) et le positionnement au plus près de la cible (action aussi par contact et effet "masse" du gaz). Le soufre peut être phytotoxique pour la vigne, si la température est supérieure à 28 °C (à 2 m sous abri). Il est conseillé également de poudrer sur une végétation sèche.